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Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/112

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Ils croyoient aux eſprits. Si l’éclair brilloit pendant la nuit ; ſi le tonnerre grondoit ſur leur tête ; ſi l’orage briſoit les arbres autour de leurs maiſons & en ébranloit la couverture, ils imaginoient qu’un héros oublié leur reprochoit leur ſilence. Ils prenoient leurs inſtrumens ; ils entonnoient un hymne en ſon honneur ; ils l’aſſuroient que ſa mémoire ne finiroit plus parmi les enfans des hommes. Ils ajoutoient foi aux preſſentimens & à la divination. Tous ſe ſoumettoient au culte établi. Jamais la ſuperſtition ne ſuſcita des querelles, ne répandit une goutte de ſang.

Ces mœurs ne changeoient point & ne pouvoient changer. Les Écoſſois formoient un grand nombre de tribus appellées clans, dont chacune portoit un nom différent, & vivoit ſur les terres d’un ſeigneur particulier. C’étoit le patriarche héréditaire d’une famille dont ils deſcendoient tous, ſans qu’aucun ignorât à quel degré de deſcendance. Le château étoit comme un bien commun où chacun étoit aſſuré de trouver un accueil honorable, où chacun accouroit au bruit d’une guerre. Tous révéroient dans leur chef leur propre dignité, tous ai-