Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/144

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

aurois-je pu ſurvivre à tous les coups mortels dont vous m’avez aſſailli ? Car j’en appelle à votre valeur ; la mienne n’a ni cherché le repos, ni fui le danger. C’eſt moins la vie que je vous demande aujourd’hui, que la gloire de vous révéler un ſecret important à votre conſervation, & de rendre invincible la plus vaillante nation du monde. Laiſſez-moi ſeulement une main libre, pour les cérémonies de l’enchantement dont je veux faire l’épreuve ſur moi-même en votre préſence ».

Les Indiens ſaiſirent avec avidité ce diſcours, qui flattoit en même-tems & leur caractère belliqueux, & leur penchant pour les merveilles. Après une courte délibération, ils délièrent un bras au priſonnier. L’Écoffois pria qu’on remît ſon ſabre au plus adroit, au plus vigoureux de l’aſſemblée ; & dépouillant ſon cou, après l’avoir frotté en balbutiant quelques paroles avec des ſignes magiques, il cria d’une voix haute & d’un air gai « Voyez, maintenant, ſages Indiens, une preuve inconteſtable de ma bonne-foi. Vous, guerrier, qui