Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/146

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cuirs ; c’eſt avec les denrées qu’ils fourniſſoient à leur garniſon, qu’ils devoient pourvoir à leur vêtement & à un petit nombre d’autres beſoins exceſſivement bornés. Ces misérables paſſèrent tous à Cuba, quoique convaincus qu’ils y ſeroient réduits au pain de l’aumône, ſi un monarque touché de tant d’attachement ne fourniſſoit à leur ſubſiſtance.

Quel fut le motif qui put déterminer ces Eſpagnols à préférer un gouvernement oppreſſeur à un gouvernement libre ? Seroit-ce la ſuperſtition qui ne peut ſouffrir les autels de l’hérétique à côté des ſiens ? Seroit-ce le préjugé qui rend ſuſpectes les mœurs & la probité de celui qui profeſſe une autre religion que la nôtre ? Seroit-ce la crainte de la séduction pour eux-mêmes & plus encore pour leurs enfans ? Accoutumés à une longue oiſiveté, s’imaginèrent-ils qu’on les forceroit à travailler ? Ou l’homme a-t-il ſi mauvaiſe opinion de l’homme, qu’il aime mieux diſpoſer lui-même de ſon ſort que de l’abandonner à la merci de ſon ſemblable ? Quoi qu’il en ſoit, il ne reſta à l’acquéreur qu’un déſert ; mais n’étoit-ce