Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/155

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

autres, ils ne doivent pas tarder à mourir de faim.

Mais des événemens cruels ne peuvent-ils pas précéder cette deſtruction totale ? On n’a pas oublié le généreux Pontheack. Ce guerrier terrible étoit brouillé avec les Anglois en 1762. Le major Roberts, chargé de le regagner, lui envoya de l’eau-de-vie. Quelques Iroquois, qui entouroient leur chef, frémirent à la vue de cette liqueur. Ne doutant pas qu’elle ne fût empoiſonnée, ils vouloient abſolument qu’on rejetât un préſent ſi ſuſpect. Comment ſe pourroit-il, leur dit leur général, qu’un homme qui eſt sûr de mon eſtime, & auquel j’ai rendu des ſervices ſignalés, pût ſonger à m’ôter le jour ? & il avala la boiſſon d’un air auſſi aſſuré que l’auroit pu faire le héros le plus vanté de l’antiquité.

Cent traits d’une élévation pareille avoient fixé ſur Pontheack les yeux des nations ſauvages. Il vouloit les retrait toutes ſous les mêmes drapeaux, pour faire reſpecter leur territoire & leur indépendance. Des circonſtances malheureuſes firent avorter ce grand projet : mais il peut être repris, & il n’eſt pas impoſſible qu’il réuſſiſſe. Alors les uſur-