Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/197

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vriers de toute eſpèce, que l’on vexe par les monopoles, à qui l’on refuſe le droit de travailler librement, ſans avoir acheté des maîtriſes : vous que l’on tient courbés toute la vie dans un atelier pour enrichir un entrepreneur privilégié : vous qu’un deuil de cour laiſſe des mois entiers ſans ſalaire & ſans pain ; n’eſpérez pas de vivre hors d’une patrie où des ſoldats & des gardes vous tiennent empriſonnés : errez dans l’abandon, & mourez de chagrin. Oſez gémir ; vos cris ſeront repouſſés & perdus au fond d’un cachot ; fuyez, on vous pourſuivra, même au-delà des monts & des fleuves ; vous ſerez renvoyés ou livrés pieds & poings liés à la torture, à la gêne éternelle où vous avez été condamnés en naiſſant. Vous encore, à qui la nature a donné un eſprit libre, indépendant des préjugés & des erreurs ; qui oſez penſer & parler en hommes, étouffez dans votre âme la vérité, la nature, l’humanité. Applaudiſſez à tous les attentats commis contre votre patrie & vos concitoyens, ou gardez un ſilence profond dans l’obſcurité de l’infortune & de la retraite. Vous tous enfin qui naiſſez dans ces états barbares, où la condition réciproque