Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/201

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tables, & que notre avarice eſt allé chercher au travers des naufrages, juſques dans leurs fables brûlans, ou leurs ſombres forêts, au milieu des tigres ? Quel étoit leur crime pour être arrachés d’une terre qui les nourriſſoit ſans travail, & tranſplantés par nous ſur une terre où ils meurent dans les labeurs de la ſervitude ? Quelle famille as-tu donc créée, Père céleſte, où les aînés, après avoir ravi les biens de leurs frères, veulent encore les forcer, la verge à la main, d’engraiſſer du ſang de leurs veines, de la ſueur de leur front, ce même héritage dont on les a dépouillés ? Race déplorable, que nous abrutiſſons pour la tyranniſer ; en qui nous étouffons toutes les facultés de l’âme pour accabler ſes bras & ſon corps de fardeaux ; en qui nous effaçons l’image de la divinité, & l’empreinte de l’humanité ! race mutilée & déſhonorée dans les facultés de ſon eſprit & de ſon corps, dans toute ſon exiſtence ; & nous ſommes chrétiens, & nous ſommes Anglois ! Peuple favorisé du ciel, & reſpecté ſur les mers ; quoi, tu veux être libre & tyran tout-à-la-fois ? Non,