Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/204

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pide doit avoir deux ſources. La première eſt cette foule d’Irlandois, de Juifs, de François, de Vaudois, de Palatins, de Moraves, de Salzbourgeois, qui, fatigués des vexations politiques & religieuſes qu’ils éprouvoient en Europe, ont été chercher la tranquilité dans ces climats lointains. La ſeconde ſource de cette étonnante multiplication, eſt dans le climat même des colonies, où l’expérience a démontré que la population doubloit naturellement tous les vingt-cinq ans. Les réflexions de M. Franklin, rendront cette vérité ſenſible.

Le peuple, dit ce philoſophe, s’accroît par-tout, en raiſon du nombre des mariages ; & ce nombre augmente à proportion des facilités qu’on trouve à ſoutenir une famille. Dans un pays où les moyens de ſubſiſtance abondent, plus de perſonnes ſe hâtent de ſe marier. Dans une ſociété vieillie par ſes progrès même, les gens riches, effrayés des dépenſes qu’entraîne le luxe des femmes, forment, le plus tard qu’ils peuvent, un établiſſement difficile à cimenter, coûteux à maintenir ; & les gens ſans fortune paſſent leur vie dans un célibat qui trouble