Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/205

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les mariages. Les maîtres ont peu d’enfans ; les domeſtiques n’en ont point ; & les artiſans craignent d’en avoir. Ce déſordre eſt ſi ſenſible, ſur-tout dans les grandes villes, que les générations ne s’y reproduiſent même pas aſſez pour entretenir la population à ſon niveau, & qu’on y voit conſtamment plus de morts que de naiſſances. Heureuſement cette décadence n’a pas encore gagné les campagnes, où l’habitude de fournir au vuide des cités, laiſſe un peu plus de place à la population. Mais comme toutes les terres ſont occupées & miſes à-peu-près dans la plus grande valeur, ceux qui ne peuvent pas acquérir des propriétés, ſont aux gages de celui qui poſſède. La concurrence, qui naît de la multitude des ouvriers, tient leur travail à bas prix ; & la modicité du gain leur ôte le déſir, l’eſpérance, & les facultés de ſe reproduire par les mariages. Tel eſt l’état actuel de l’Europe.

Celui de l’Amérique offre un aſpect tout opposé. Le terrein, vaſte & inculte, s’y donne, ou pour rien, ou à ſi bon marché, que l’homme le moins laborieux trouve, en peu de tems, un eſpace, qui, pouvant