Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/248

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s’étend à tout. Elle ſe fait un devoir de réſignation comme de baſſeſſe, & baiſant toutes les chaînes avec reſpect, tremble d’examiner ſes loix comme ſes dogmes. De même qu’une ſeule extravagance dans les opinions religieuſes ſuffit pour en faire adopter ſans nombre à des eſprits une fois déçus, une première uſurpation du gouvernement ouvre la porte à toutes les autres. Qui croit le plus, croit le moins, qui peut le plus, peut le moins. C’eſt par ce double abus de la crédulité & de l’autorité que toutes les abſurdités en matière de culte & de politique ſe ſont introduites dans le monde pour écraſer les hommes. Auſſi le premier ſignal de la liberté chez les nations les a portés à ſecouer ces deux jougs à la fois ; & l’époque où l’eſprit humain commença à diſcuter les abus de l’égliſe & du clergé, eſt celle où la raiſon ſentit enfin les droits des peuples, & où le courage eſſaya de poſer les premières bornes au deſpotiſme. Les principes de tolérance & de liberté établis dans les colonies Angloiſes en avoient fait un peuple différent des autres peuples. On y ſavoit ce que c’étoit que la dignité de l’homme ; & le miniſtère Britannique la vio-