Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/250

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refusé de prendre ſur leurs bords cette production. Dans d’autres, les négocians auxquels elle eſt adreſſée refuſent de la recevoir. Ici, on déclare ennemi de la patrie quiconque oſera la vendre. La, on charge de la même flétriſſure ceux qui en conſerveront dans leurs magaſins. Pluſieurs contrées renoncent ſolemnellement à l’uſage de cette boiſſon. Un plus grand nombre brûlent ce qui leur reſte de cette feuille, juſqu’alors l’objet de leurs délices. Le thé expédié pour cette partie du globe étoit évalué cinq ou ſix millions ; & il n’en fut pas débarqué une ſeule caiſſe. Boſton fut le principal théâtre de ce ſoulèvement. Ses habitans détruiſirent, dans le port même, trois cargaiſons de thé qui arrivoient d’Europe.

Cette grande ville avoit toujours paru plus occupée de ſes droits que le reſte de l’Amérique. La moindre atteinte qu’on portoit à ſes privilèges étoit repouſſée ſans ménagement. Cette réſiſtance, quelquefois accompagnée de troubles, fatiguoit depuis quelques années le gouvernement. Le miniſtère qui avoit des vengeances à exercer ſaiſit trop vivement la circonſtance d’un