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Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/262

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L’homme, jeté comme au haſard ſur ce globe ; environné de tous les maux de la nature ; obligé ſans ceſſe de défendre & de protéger ſa vie contre les orages & les tempêtes de l’air, contre les inondations des eaux, contre les feux & les incendies des volcans, contre l’intempérie des zones ou brûlantes on glacées, contre la ſtérilité de la terre qui lui refuſe des alimens, ou ſa malheureuſe fécondité qui fait germer ſous ſes pas des poiſons ; enfin, contre les dents des bêtes féroces qui lui diſputent ſon séjour & ſa proie, & le combattant lui-même, ſemblent vouloir ſe rendre les dominatrices de ce globe, dont il croit être le maître : l’homme dans cet état, ſeul & abandonné à lui-même, ne pouvoit rien pour ſa conſervation. Il a donc fallu qu’il ſe réunît & s’aſſociât avec ſes ſemblables, pour mettre en commun leur force & leur intelligence. C’eſt par cette réunion qu’il a triomphé de tant de maux, qu’il a façonné ce globe à ſon uſage, contenu les fleuves, aſſervi les mers, aſſuré ſa ſubſiſtance, conquis une partie des animaux en les obligeant de le ſervir, & repouſſé les autres loin de ſon empire, au fond des déſerts ou des bois,