Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/271

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
des deux Indes
257

que d’une rupture, dont la ſuite eſt la ruine de l’une ou l’autre nation, & quelquefois de toutes les deux. Le tyran eſt un monſtre à une ſeule tête, qu’on peut abattre d’un ſeul coup. La nation deſpote eſt un hydre à mille têtes qui ne peuvent être coupées que par mille glaives levés à la fois. Le crime de l’oppreſſion exercée par un tyran raſſemble toute l’indignation ſur lui ſeul. Le même crime commis par une nombreuſe ſociété, en diſperſe l’horreur & la honte ſur une multitude qui ne rougit jamais. C’eſt le forfait de tous, ce n’eſt le forfait de perſonne ; & le ſentiment du déſeſpoir égaré ne ſait où ſe porter.

Mais ce ſont nos ſujets… Vos ſujets ! pas plus que les habitans de la province de Galles, ne ſont les ſujets du comté de Lancaſtre. L’autorité d’une nation ſur une autre, ne peut être fondée que ſur la conquête, le conſentement général, ou des conditions proposées & acceptées. La conquête ne lie pas plus que le vol. Le conſentement des aïeux ne peut obliger les deſcendans ; & il n’y a point de condition qui ne ſoit excluſive du ſacrifice de la liberté. La liberté ne s’échange pour rien, parce que rien n’eſt d’un prix qui