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Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/304

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Des âmes timides, des âmes qui meſurent l’avenir par le paſſé, étoient que nous avons beſoin de la protection de l’Angleterre. Elle peut être utile à une colonie naiſſante ; elle eſt devenue dangereuſe pour une nation déjà formée. L’enfance a beſoin d’être ſoutenue ; il faut que la jeuneſſe marche libre & avec la fierté qui lui convient. De nation à nation, ainſi que d’homme à homme, qui peut avoir la force & le droit de me protéger, peut avoir la force & la volonté de me nuire. Je renonce à un protecteur, pour n’avoir point à redouter un maître.

En Europe, les peuples ſont trop preſſés pour que cette partie du globe jouiſſe d’une paix conſtante. Les intérêts des cours & des nations s’y heurtent & s’y choquent ſans ceſſe. Amis de l’Angleterre, nous ſommes forcés d’avoir tous ſes ennemis. Cette alliance portera pour dot à l’Amérique une guerre éternelle. Séparons-nous, séparons-nous. La neutralité, le commerce & la paix : voilà les fondemens de notre grandeur.

L’autorité de la Grande-Bretagne ſur l’Amérique doit tôt ou tard avoir une fin. Ainſi le veut la nature, la néceſſité & le tems.