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des deux Indes.

Le gouvernement Anglois ne peut donc nous donner qu’une conſtitution paſſagère ; & nous ne léguerons à notre poſtérité qu’un état incertain, des diſſenſions & des dettes. Si nous voulons aſſurer ſon bonheur, séparons-nous. Si nous ſommes pères, ſi nous aimons nos enfans, séparons-nous. Des loix & la liberté, voilà l’héritage que nous leur devons.

L’Angleterre eſt trop éloignée de nous pour nous gouverner. Quoi, toujours traverſer deux mille lieues pour demander des loix, pour réclamer juſtice, pour nous juſtifier de crimes imaginaires, pour ſolliciter avec baſſeſſe la cour & les miniſtres d’un climat étranger ! Quoi, attendre pendant des années chaque réponſe, & ſi trop ſouvent encore c’étoit, l’injuſtice qu’il fallût ainſi chercher à travers l’océan ! Non, pour un grand état, il faut que le centre & le ſiège du pouvoir ſoit dans l’état même. Il n’y a que le deſpotiſme de l’Orient qui ait pu accoutumer les peuples à recevoir ainſi leurs loix de maîtres éloignés ou de pachas qui repréſentent des tyrans inviſibles. Mais ne l’oubliez pas, plus la diſtance augmente, plus le deſpotiſme s’appeſantit ; &