Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/344

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que faiſoient les Américains de la reconnoître, n’indiſpoſoit pas les eſprits. On ne leur porta point de haîne, même après qu’ils eurent pris les armes pour ſoutenir leurs prétentions. Comme les travaux ne languiſſoient pas dans l’intérieur du royaume, que la foudre ne grondoit qu’au loin, chacun s’occupoit paiſiblement de ſes affaires, ou ſe livroit tranquillement à ſes plaiſirs. Tous attendoient ſans impatience la fin d’une ſcène dont, à la vérité, le dénouement ne leur paroiſſoit pas incertain.

La fermentation dut ſe montrer d’abord plus grande dans le nouvel hémiſphère que dans l’ancien. Prononça-t-on jamais aux nations le nom odieux de tyrannie, le nom ſi doux d’indépendance, ſans les remuer ? Mais cette chaleur ſe ſoutint-elle ? Si les imaginations s’étoient maintenues dans leur premier mouvement, le beſoin d’en réprimer les excès n’auroit-il pas occupé les ſoins d’une autorité naiſſante ? Mais loin d’avoir à contenir l’audace, ce fût la lâcheté qu’elle eut à pourſuivre. On la vit punir de mort la déſertion, & ſouiller par des aſſaſſinats l’étendard de la liberté. On la vit ſe refuſer