Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/360

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tendus, la France parut perdre de vue ſes intérêts les plus chers. Son objet principal devoit être d’intercepter le commerce de ſes ennemis, de leur couper le double nerf qu’ils tiroient de leurs matelots, de leurs capitaux, & de ſaper ainſi les deux fondemens de la grandeur Angloiſe. Rien n’étoit plus aisé pour une puiſſance préparée de loin aux hoſtilités, que d’intercepter une navigation marchande entièrement ſurpriſe & très-foiblement convoyée. Il n’en fut pas ainſi. Les immenſes richeſſes qu’attendoit la Grande-Bretagne de toutes les parties du globe, entrèrent paiſiblement dans ſes rades, ſans avoir été ſeulement entamées.

Au contraire, le commerce de la France fut harcelé dans les deux hémiſphères, & par-tout intercepté. Ses colonies virent enlever, ſur leurs propres côtes, des ſubſiſtances qu’elles attendoient avec toute l’impatience du beſoin ; & la métropole ſe vit privée de quatre-vingts ou cent millions arrivés preſque à ſa vue. Ces revers avoient une cauſe. Tâchons de la découvrir.

La marine Françoiſe étoit depuis longtems malheureuſe ; & c’étoit au vice de ſa