Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/374

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& ſans l’oubli de toutes les conſidérations perſonnelles, on ne l’eſt point.

Ce plan de conciliation déplut à Verſailles ; & l’on n’y fut un peu raſſuré que par l’eſpoir qu’il ſeroit rejeté à Londres. C’eſt ce qui arriva. L’Angleterre ne put ſe déterminer à reconnoître les Américains indépendans de fait ; quoiqu’ils ne fuſſent pas appelés aux conférences qui alloient s’ouvrir ; quoique la France ne pût pas négocier pour eux ; quoique leurs intérêts duſſent être uniquement ſoutenus par un médiateur qui ne leur étoit attaché par aucun traité, & qui, peut-être au fond de ſon cœur, n’en déſiroit pas la proſpérité ; quoique ſon refus la menaçât d’un ennemi de plus.

C’eſt dans une circonſtance pareille ; c’eſt lorſque la fierté élève les âmes au-deſſus de la terreur ; qu’on ne voit rien de plus à redouter que la honte de recevoir la loi, & qu’on ne balance pas à choiſir entre la ruine & le déſhonneur : c’eſt alors que la grandeur d’une nation ſe déploie. J’avoue toute-fois que les hommes accoutumés à juger des choſes par l’événement, traitent les grandes & périlleuſes révolutions d’hé-