Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/384

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préparé en Europe par la fermentation & le choc de nos opinions ; par le renverſement de nos droits, qui faiſoient notre courage ; par le luxe de nos cours & la misère de nos campagnes ; par la haîne, à jamais durable, entre des hommes lâches qui poſſèdent tout, & des hommes robuſtes, vertueux même, qui n’ont plus rien à perdre que la vie. Il eſt préparé en Amérique par l’accroiſſement de la population, des cultures, de l’induſtrie & des lumières. Tout achemine à cette ſciſſion, & les progrès d’un mal dans un monde, & les progrès du bien dans l’autre.

Mais peut-il convenir à l’Eſpagne & à la France, dont les poſſeſſions dans le nouvel hémiſphère ſont une ſource inépuiſable de richeſſes, leur peut-il convenir de précipiter ce déchirement ? Or, c’eſt ce qui arriveroit, ſi tout le nord de ces régions étoit aſſujetti aux mêmes loix, ou lié par des intérêts communs.

À peine la liberté de ce vaſte continent ſeroit-elle aſſurée, qu’il deviendroit l’aſyle de tout ce qu’on voit parmi nous d’hommes intrigans, séditieux, flétris ou ruinés. La culture, les arts, le commerce ne ſeroient