Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/42

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aux dépens du tréſor public, qu’ils groſſiſſent de leurs travaux, tandis que leurs enfans ſont élevés dans la métropole. Sans cette liberté ſage & chrétienne, les Dumplers ne ſeroient que des moines, qui deviendroient, avec le tems, féroces ou libertins. La vie cénobitique n’a qu’une ſaiſon de ferveur. Avec une âme tendre, on pourroit ſouhaiter d’être dévot juſqu’à vingt ans, comme on peut déſirer d’être belle femme juſqu’à vingt-cinq : mais après cet âge, il faut être homme.

Ce qu’il y a de plus édifiant & de plus ſingulier en même tems, dans la conduite de toutes les ſectes qui ont peuplé la Penſilvanie, c’eſt l’eſprit de concorde qui règne entre elles, malgré la différence de leurs opinions religieuſes. Quoiqu’ils ne ſoient pas membres de la même égliſe, ces ſectaires s’aiment comme des enfans d’un ſeul & même père. Ils ont vécu toujours en frères, parce qu’ils avoient la liberté de penſer en hommes. C’eſt à cette précieuſe harmonie qu’on peut, ſur-tout, attribuer les accroiſſemens rapides de la colonie.

Au commencement de 1774, cet établiſſe-