Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/105

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naît de la reddition des choses égales à celles qu’on a reçues. Que celle-ci s’exerce en la juste estimation de la dignité et du mérite des personnes ; de sorte que la justice distributive se trouve dans la dispensation des biens et des honneurs, que l’on fait à chacun proportionnément à son mérite. Je reconnais en cela quelque distinction de l’égalité, en sorte qu’il y ait une égalité simplement telle, comme lorsque l’on compare deux choses de même prix entre elles, une livre à douze onces d’argent ; et une autre égalité qui n’est pas tout à fait telle ; par exemple, s’il y a mille écus à distribuer à cent hommes, et qu’on en donne six cents à soixante, et quatre cents aux quarante qui restent, il n’y a pas de l’égalité entre ces deux hommes, et toutefois, à cause qu’il y en a avec ceux à qui il les faut distribuer, l’un en recevra autant que l’autre, d’où la distribution deviendra égale. Cette égalité tombe dans la proportion géométrique. Mais que fait cela au sujet de la justice ? Car, ni si je vends ma marchandise le plus haut que je puis, je ne fais tort à personne, à cause que l’acheteur l’a ainsi voulu et me l’a demandée ; ni aussi je n’offense personne, si je donne davantage de ce qui m’appar­tient à celui qui en mérite le moins, pourvu que je donne aux autres ce que je leur ai promis : ce que notre Sauveur confirme en quelque part de l’Évangile. Ce n’est donc pas là une bonne division de la justice, mais de l’égalité. Néanmoins il est peut-être malaisé