Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/114

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peut) des choses qui ne peuvent pas être divisées, et cela au gré de celui qui en a besoin, si la quantité le permet : mais si elle ne souffre pas que chacun en prenne autant que bon lui semble, il faut qu’on en use avec mesure, et proportion­nément au nombre de ceux qui ont à s’en servir. Car autrement on ne pourrait pas garder cette égalité, laquelle j’ai démontré ci-dessus que la nature nous enseigne.


XVII. Pareillement, si la chose dont on a à se servir ne peut être divisée, ni pos­sé­dée en commun, la douzième loi de nature ordonne qu’on s’en serve tour à tour, ou qu’on la donne, au sort, et que même en l’usage alternatif, on jette le sort à qui en aura le premier la possession. Car en cette conjoncture aussi, il faut avoir égard à l’égalité, et on ne peut point trouver d’autre moyen de la garder que celui du hasard.


XVIII. Or il y a de deux sortes de hasard, l’une est arbitraire et l’autre est natu­relle. Le sort arbitraire est celui qui est jeté du consentement des parties, et qu’on laisse à la conduite de la fortune. Le sort naturel est la primogéniture, et la préoccu­pation. De manière que les choses, qui ne peuvent être divisées, ni possédées en commun, doivent demeurer à celui qui s’en est saisi le premier ; et par la même raison, les biens d’un père viennent à l’aîné de ses enfants, s’il n’avait auparavant fait transport de ce droit. Je mets donc ce