Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

me en temps de guerre. Car je ne comprends pas à quoi servent à un homme pour le bien de la paix, et pour la conservation propre, l’ivrognerie et la cruauté, je veux dire cette vengeance qui ne regarde pas un bien avenir. En un mot, dans l’état de nature, il ne faut pas mesurer le juste et l’injuste par les actions, mais par le dessein et la conscience de celui qui les pratique. Ce qu’il faut faire nécessairement, ce qu’on fait en désirant la paix, ce à quoi on se résout pour la conservation particulière, est toujours fait avec une grande justice. Hors de là, tous les dommages qu’on cause à un homme sont autant d’enfreintes de la lui de nature, et de péchés contre la majesté divine.


XXVIII. On peut enfreindre les lois qui obligent la conscience, non seulement par une action qui leur est opposée, mais aussi par une qu’elles permettent, s’il arrive que celui qui la commet ait une opinion contraire. Car encore que l’action soit en elle-même conforme aux lois, il n’en est pas ainsi de la conscience.


XXIX. Les lois de nature sont immuables et éternelles. Ce qu’elles ont une fois défendu ne peut jamais devenir licite ; et ce qu’elles ont commandé ne peut jamais être défendu. Car il n’arrivera jamais que l’orgueil, que l’ingratitude, que l’infidélité ou l’injure, l’inhumanité et les outrages soient des choses permises, ni que les vertus opposées soient des choses défendues, si vous les prenez pour des dispositions