Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/122

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intérieures de l’âme, c’est-à-dire si vous les considérez devant le secret ressort de la conscience, où seulement elles obligent et prennent le titre de lois. Mais bien que les actions puissent être tellement diversifiées par les circonstances et par les lois civiles, que celles qui ont été justes en une saison deviendront injustes en une autre ; et que celles qu’on aura tenues en un temps pour raisonnables, seront estimées absurdes en un autre, néanmoins la raison ne change jamais cette dernière fin que nous avons établie de la paix et de la défense, ni les moyens que nous avons donnés pour y parvenir, c’est à savoir, ces vertus ou habitudes intellectuelles, qui ne peuvent être effacées par la coutume, ni abrogées par la loi civile.


XXX. De tout ce discours il appert, combien les lois naturelles sont aisées à remarquer : car elles ne demandent qu’un simple, mais vrai et constant effort de la connaître. Celui qui le contribue doit être nommé juste. Car en ce qu’il tâche de tout son possible, et s’étudie de régler toutes les actions aux préceptes de nature, il montre clairement la bonne volonté qu’il a de les accomplir, qui est tout ce à quoi la nature raisonnable nous oblige. Or celui-là mérite le titre de juste, qui a fait tout ce à quoi il était obligé.


XXXI. Tous les auteurs demeurent d’accord en ce point, que la loi de nature est la même que la loi morale. Voyons quelles sont les raisons