Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/125

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n’ont jusqu’ici point trouvé de remède à ce désordre. Car ne prenant pas garde que la bonté des actions consiste en cet égard, et en cette ordination qu’elles retiennent au bien de la paix ; que la malice au rebours et la défectuosité des actions se trouvent en ce qu’elles tendent à la discorde, ils ont bâti une philosophie morale, diverse de la loi morale, et toute pleine de honteuses contra­dictions. Ils ont voulu que la nature des vertus fût posée dans une certaine médiocrité entre deux vices extrêmes ; et que les vices logeassent au bout de ces extrémités ; ce qui est évidemment faux. Car on loue la hardiesse, et on la tient pour une vertu sous le nom de vaillance, quelque extrême qu’elle puisse être, pourvu que la cause en soit approuvée. Pareillement la quantité de ce qu’on donne, grande, petite ou médiocre, n’est pas ce qui fait la libéralité, mais la cause pour laquelle on l’exerce. Ce n’est pas aussi une injustice, si je donne du mien à un autre plus que je ne dois. je dis donc que les lois de nature ne sont autre chose que des sommaires et des abrégés de la philo­sophie morale, de laquelle j’ai touché en cet endroit quelques préceptes, ne m’arrêtant qu’à ceux qui regardent notre conservation contre les dangers qui naissent de la discorde. Mais il y a divers autres préceptes du bon sens outre ceux-ci, desquels se puisent quantité d’autres vertus excellentes. Par exemple, la tempérance est