Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/144

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XI. Ce que c’est d’avoir la puissance suprême et être sujet. XII. Deux sortes de sociétés civiles : la naturelle et celle que les hommes ont établie.


I. C’est une chose évidente de soi-même, que toutes les actions que les hommes font, en tant qu’hommes, viennent de leur volonté et que cette volonté est gouvernée par l’espérance et par la crainte ; de sorte qu’ils se portent aisément à enfreindre les lois, toutes fois et quantes que, de cette enfreinte, ils peuvent espérer qu’il leur en réussira un plus grand bien, ou qu’il leur en arrivera un moindre mal. Par ainsi, toute l’espérance que quelqu’un a d’être en sûreté, et de bien établir sa conservation propre, est fondée en la force et en l’adresse, par lesquelles il espère d’éluder ou de prévenir les desseins de son prochain, ce qui prouve que les lois de nature n’obligent pas une personne à les observer incontinent qu’elles lui sont connues, comme si elles lui promettaient toute sorte de sûreté : mais que tandis que nous n’avons point d’autre précaution contre l’invasion d’autrui, nous devons nous tenir sur nos gardes, et jouir de ce premier droit que la nature nous donne sur toutes choses, et qui nous laisse dans l’état de guerre : car il suffit à quelqu’un pour accomplir la loi de nature, qu’il ait une disposition intérieure à la paix, lorsqu’