Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/145

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il ne tiendra point aux autres qu’elle ne soit entretenue.


II. C’est un dire commun, que les lois se taisent là où les armes parlent, et qui n’est pas moins vrai de la loi de nature, que des lois civiles, si l’on regarde aux actions d’une personne ; plutôt que dans le fonds de son âme, (comme il appert de l’article XXVII du chapitre III), et si l’on considère les hommes en cet état de guerre, où ils sont tous armés naturellement les uns contre les autres. A la vérité, aux guerres qui se font de nation contre nation, il y a quelque réserve à faire ; et on a vu jadis en cette forme de vie, qui n’était que piraterie et brigandage, quelque espèce d’économie qui y était observée. Ces fameux voleurs pratiquaient cela, qu’enlevant tout ce qu’ils rencontraient, ils épargnaient la vie des personnes, et leur laissaient leurs bœufs et leurs instruments d’agriculture. L’état des choses humaines les tirait du blâme d’enf­reindre la loi de nature, et ce n’était pas sans quelque gloire qu’ils exerçaient leurs rapines, pourvu qu’ils s’abstinssent des cruautés de la guerre. Toutefois, je n’avance pas cette clause comme si j’estimais qu’en l’état de nature les hommes soient obligés à aucunes lois de douceur et d’humanité ; mais parce que la cruauté étant un effet de la crainte, ceux qui l’exercent effacent toute la gloire de leurs plus belles actions.


III. Puis donc qu’il est nécessaire pour l’entretien de la paix,