Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/147

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butin ou de la vengeance, les fasse concourir en la résolution de quelque dessein ; toutefois quand il faudra ensuite en venir à l’exécution, les conseils ne seront pas moins divers que les esprits, l’émulation et l’envie, si ordinaires parmi les hommes, se mettront à la traverse et feront en sorte qu’ils ne se prêteront aucune assistance mutuelle, et qu’à peine ils voudront demeurer en paix entre eux-mêmes, si la crainte de quelque ennemi commun ne fait suspendre l’effet de leur mésintelligence. D’où je tire cette conséquence, que le consentement de plusieurs têtes (que je fais consister en cela seulement, qu’ils dirigent toutes leurs actions à une même fin et à un bien commun) qu’une ligue simplement défensive, ne donne pas aux confédérés une pleine assurance d’observer entre eux les lois de nature ci-dessus rapportées ; mais qu’il est de besoin qu’il survienne quelque chose de plus pressant, afin que ceux qui auront une fois prêté leur consentement à la paix, et à un secours réciproque pour le bien public, n’entrent après cela derechef en dissension, lorsque leur intérêt particulier et celui du public se trouveront contraires. Il faut, dis-je, qu’il y ait quelque crainte qui les empêche de tomber dans ce désordre.


V. Aristote range parmi les animaux politiques et sociables, les hommes, les fourmis, les abeilles, et plusieurs autres qui, bien que privés de l’usage de la raison, par lequel ils se puissent soumettre à la police, et faire des contrats, ne laissent