Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/166

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erres ne se forment. Ce qui n’arrive point à cause de la fausseté des dogmes ; mais parce que tel est le naturel des hommes, que se flattant de l’opinion de quelque sagesse, ils voudraient bien que tous les autres eussent d’eux la même estime. On ne peut pas empêcher la naissance de ces disputes, mais elles peuvent être tenues dans l’ordre, et c’est aux souverains d’empêcher qu’elles ne troublent la tranquillité publique. Je n’entends point parler en cet endroit des doctrines de cette nature. Mais il y en a desquelles les peuples étant imbus, ils estiment qu’on peut et même qu’on doit désobéir à l’État et aux souverains ; de ce rang, je mets les doctrines qui enseignent formellement, ou qui par des conséquences plus obscures, com­mandent indirectement d’obéir à d’autres personnes qu’à celles à qui on a donné la souveraine puissance. le ne feindrai point de dire que, lorsque je formais mon raisonne­ment, j’avais en la pensée cette autorité que plusieurs donnent au Pape dans les royaumes qui ne lui appartiennent point, et que quelques évêques veulent usurper dans leurs diocèses hors de l’Église romaine ; et que je voulais réfréner la licence que j’ai vu prendre à quelques sujets du tiers état sous prétexte de religion. Car, y a-t-il eu jamais aucune guerre civile dans la chré­tienté, qui n’ait tiré son origine de cette source, ou qui n’en ait été entretenue ? J’ai donc laissé à la puissance civile le droit de juger si une doctrine