Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/165

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il importe grandement à la paix générale de ne laisser proposer et introduire aucunes opinions ou doctrines qui persuadent aux sujets qu’ils ne peuvent pas en conscience obéir aux lois de l’État, c’est-à-dire aux ordonnan­ces du prince ou du conseil à qui on a donné la puissance souveraine, ou qu’il leur est permis de résister aux lois, ou bien qu’ils doivent appréhender une plus grande peine s’ils obéissent, que s’ils s’obstinent à la désobéissance. En effet, si la loi commande quelque chose sur peine de mort naturelle, et si un autre vient la défendre sur peine de mort éternelle, avec une pareille autorité, il arrivera que les coupables deviendront innocents, que la rébellion et la désobéissance seront confondues, et que la société civile sera toute renversée. Car, nul ne peut servir à deux maîtres ; et on ne doit pas moins craindre, voire on doit plutôt obéir à celui qui menace d’une mort éternelle, qu’à celui qui n’étend pas les supplices au-delà de cette vie. Il s’ensuit donc que le droit de juger des opinions ou doctrines contraires à la tranquillité publique, et de défendre qu’on les enseigne *, appartient au magistrat ou à la cour, à qui on a donné l’autorité suprême.


Remarque :

  • [Appartient au magistrat, etc.] « Il n’y a presque aucun dogme touchant le service de Dieu, ni touchant les sciences humaines, d’où il ne naisse des dissen­sions, puis des querelles, des outrages, et d’où peu à peu les gu