Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/169

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volontiers cette obéissance, bien qu’en certaines occurrences elle puisse justement être refusée, néanmoins à cause qu’elle ne peut pas être rendue plus entière, une obéissance simple. L’obligation qu’on a à la rendre ne vient pas immédiatement de cette convention par laquelle nous avons transporté tous nos droits à la ville d’où nous sommes citoyens, mais médiatement, à cause que, sans l’obéissance, le droit d’empire serait inutile, et par conséquent sans elle la société n’eût pas été formée. C’est autre chose, si je dis que je vous donne la puissance de commander tout ce qu’il vous plaira ; et si je promets que je ferai tout ce que vous commanderez : car vous me pour­riez commander telle chose, que j’aimerais mieux mourir que la faire. Comme donc personne n’est obligé de consentir à sa mort, moins encore est-il tenu de vouloir ce qui lui semble pire que la mort même. Si vous me commandiez de me tuer, je ne serais pas tenu à vous obéir, quelque puissance que je vous aie donnée ; et encore que je refuse, votre empire n’en est pas moins absolu : car vous en trouverez assez d’autres qui exécuteront votre sentence ; outre que je n’avais pas promis de vous obéir en ce que je vous refuse. De même, si le souverain commande à quelqu’un qu’il le tue, cet autre ne doit pas lui obéir, pour ce qu’il n’est pas concevable qu’il se fût obligé à cela en se soumettant à lui. Pareillement, je dis qu’un enfant ne