Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/174

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car il serait obligé à soi-même) ni ne peut point être obligé à aucun de ses concitoyens.


XV. Mais d’autant que, comme il a été prouvé ci-dessus, avant l’établissement de la société civile toutes choses appartiennent à tous et que personne ne peut dire qu’une chose est sienne si affirmativement, qu’un autre ne se la puisse attribuer avec même droit (car là où tout est commun, il n’y a rien de propre) il s’ensuit que la propriété des choses a commencé lorsque les sociétés civiles ont été établies ; et que ce qu’on nomme propre est ce que chaque particulier peut retenir à soi sans contre­venir aux lois, et avec la permission de la ville, c’est-à-dire de celui à qui on a com­mis la puissance souveraine. Cela étant, chaque particulier peut bien avoir en propre quelque chose à laquelle aucun de ses concitoyens n’osera toucher et n’aura point de droit, à cause qu’ils vivent tous sous les mêmes lois ; mais il n’en peut pas avoir la propriété en telle sorte qu’elle exclue toutes les prétentions du législateur et qu’elle empêche les droits de celui qui juge sans appel de tous les différends et dont la volonté a été faite la règle de toutes les autres. Mais encore qu’il y ait quantité de choses que la ville permet à ses habitants, et suivant lesquelles on peut quelquefois agir contre le public et tirer en cause le souverain ; néanmoins cette action n’est