Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/181

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prince et de souverain de l’État. Les marques de cette souveraineté sont le pouvoir de faire et d’abroger des lois, de déclarer la guerre et de conclure la paix, connaître et juger directement ou indirectement tous les procès ; élire tous les officiers, magistrats et conseillers. En un mot, je reconnais pour souverain d’une ville celui qui peut légiti­mement faire ce qu’il n’appartient à aucun citoyen, ni même à plusieurs en corps, d’entreprendre. Car l’État seul a le pouvoir de faire ce à quoi ni un particulier, ni une faction n’ont aucun droit de penser. je tiens donc que celui qui use légitimement de ce pouvoir de l’État, en est le souverain.


XIX. Presque tous ceux qui comparent l’État et les sujets à un homme et à ses membres disent que le souverain est dans la république, ce qu’est la tête au corps d’une personne. Mais j’aimerais mieux dire ensuite de mes raisonnements, que cette puissance souveraine (soit qu’elle se rassemble toute en un seul homme, ou qu’elle soit distribuée à une cour) est dans l’État comme son âme, plutôt que comme la tête de son corps. Car l’âme est ce qui donne à l’homme la faculté de vouloir et de refuser ; de même que le souverain est celui duquel dépend la volonté de toute la république. Mais je comparerais à la tête le conseil, ou le premier ministre, duquel le souverain se sert au gouvernement de l’État et dont il prend l’avis aux affaires