Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/182

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importantes ; car, c’est à la tête à donner conseil et à l’âme de commander.


XX. Peut-être que quelqu’un voudra inférer du raisonnement que je vais mettre ensuite, que la souveraineté peut être ôtée à celui qui l’exerce, du consentement unanime de tous les sujets. La souveraineté a été établie par la force des pactes que les sujets ont faits entre eux : or, comme toutes les conventions empruntent leur force de la volonté de ceux qui contractent, elles la perdent aussi du consentement de ces mêmes personnes : mais, encore que ce raisonnement fût véritable, je ne vois pas bien quel juste sujet il y aurait de craindre pour les souverains. Car, puisqu’on suppose que tous les particuliers se sont obligés mutuellement les uns aux autres, s’il arrive qu’un seul d’entre eux soit d’avis contraire, tous les autres ensemble ne devront point passer outre. Ce serait faire tort à une personne, que de conclure contre son avis ce qu’on s’est obligé par un pacte exprès de ne conclure point sans elle. Or, il est presque impossible que tous les sujets, jusqu’au dernier, conspirent contre leur souverain, et s’accordent tous, sans aucune exception, à le dégrader. Il n’a donc pas à craindre qu’il puisse être légitimement dépouillé de son autorité. Toutefois, si l’on accordait ceci, que le droit des souverains dépend de la seule convention que les sujets ont faite entre eux, il leur pourrait aisément arriver d’être démis de leur charge sous quelque