Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/184

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que les particuliers ont faites les uns avec les autres ; si est-ce que le droit de l’empire ne dépend pas de cette seule obligation : car on s’oblige réciproquement à celui qui le possède. Et on suppose, que chaque particulier, contractant avec son voisin, a tenu ce langage : « Je transfère mon droit à celui-ci, à condition que vous lui tranfériez aussi le vôtre. » Après quoi, le droit que chacun avait d’user de ses forces pour son bien propre, demeure transféré tout entier pour l’intérêt commun à cette personne, ou à cette cour à laquelle on a transmis la souveraineté. De sorte qu’outre les conventions mutuelles des particuliers entre eux, il se fait une donation de droit, laquelle on est obligé de faire valoir au souverain. Et ainsi la puissance souveraine est appuyée de deux côtés, de l’obligation des sujets les uns envers les autres, et de celle dont ils s’obligent directement à la république. Cela étant, je conclus que le peuple, pour en si grand nombre qu’il s’assemble et qu’il conspire contre le souverain, n’a point droit de lui ôter sa puissance, s’il ne consent lui-même à ce qu’elle lui soit ôtée.