Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/183

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

prétexte de justice. Car, il y en a plusieurs qui estiment qu’en une assemblée légitime de tout le peuple, ou en une délibération séditieuse, la plus grande voix le doit emporter, c’est-à-dire, que le consentement du plus grand nombre doit être pris pour celui de tous en général. Mais cela est faux : car, ce n’est pas une chose naturelle, que de faire passer la plus grande opinion pour la volonté de toute une assemblée, et encore moins dans un tumulte. Ce procédé vient de l’institution politique, et n’a lieu que lorsque la cour ou le prince souverain convoquant une assemblée de tous ses sujets, ordonne, à cause de leur trop grand nombre, que quelques députés parleront pour tous et que leurs voix seront recueillies, afin de prendre leurs sages avis. Car, il ne faut pas s’imaginer que le souverain ait fait venir ses sujets pour disputer avec eux de ses droits et de la puissance, si ce n’est qu’ennuyé des affaires, il déclare ouvertement qu’il a dessein de quitter l’empire. Or, d’autant que plusieurs sont dans cette erreur, qu’ils prennent l’avis du plus grand nombre, ou même celui de quelques-uns seulement, l’opinion desquels ils approuvent, pour le consentement de tout l’État en général ; il pourrait, dis-je, sembler à ceux-là, que la puissance souveraine peut être légitimement supprimée, pourvu que cela arrive dans une grande assemblée, en comptant les suffrages des particuliers. Mais bien que la souveraineté ait été établie par les conventions