Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/189

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III. Mais il est plus malaisé de persuader que la royauté et la tyrannie ne sont pas deux diverses sortes de gouvernement, parce que la plupart de ceux qui approuvent la domination d’un seul et la préfèrent à celle de plusieurs, n’estiment pas pourtant que l’État soit bien gouverné, s’il n’est régi à leur fantaisie. Mais il faut que ce soit par raisonnement, et non pas avec passion que nous recherchions la différence qu’il y a d’un roi à un tyran. je dis donc en premier lieu, qu’ils ne diffèrent pas en ce que la puissance de celui-ci soit plus grande que celle de l’autre : car, il ne peut pas y avoir dans le monde une autorité plus grande que la souveraine : ni en ce que la puissance de l’un soit bornée et que celle de l’autre ne reçoive aucunes limites ; car, celui dont l’autorité serait bornée ne serait point roi, mais sujet de celui qui aurait borné sa puissance. Enfin, la différence ne peut pas être tirée de la manière de s’emparer du gouvernement ; car, si quelqu’un prend l’autorité souveraine en un État populaire, ou en une aristocratie, du consentement de tous les particuliers, il devient monarque légitime ; mais, s’il la veut usurper sans le consentement du peuple, il est ennemi et non pas tyran de la république. Ils ne diffèrent donc qu’en l’exercice de leur empire ; de sorte que le monarque, qui gouverne bien l’État, mérite le titre de roi ; et celui qui maltraite son peuple s’acquiert le nom de tyran. Et il