Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/190

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en faut revenir là, que le roi légitime n’est nommé tyran par le peuple, si ce n’est lorsqu’il abuse de la puissance qui lui a été donnée, et lorsqu’on estime qu’il exerce mal sa charge. Donc que la royauté et la tyrannie ne sont pas deux diverses espèces de gouvernement politique : mais on donne à un même monarque tantôt le nom de roi par honneur, tantôt celui de tyran par outrage. Or, ce que nous rencontrons si souvent dans les auteurs grecs et latins des invectives contre les tyrans, vient de ce qu’autrefois ces nations ont été des républiques populaires ou aristocratiques, ce qui a donné aux auteurs une telle aver­sion de la tyrannie, qu’ils en ont haï la royauté, avec laquelle ils l’ont confondue.


IV. Il y en a qui estiment qu’il est nécessaire.. à la vérité, qu’il y ait une puissance souveraine dans l’État : mais que si on la donnait tout entière à un seul homme ou à une seule cour, tous les sujets deviendraient esclaves. Pour éviter cet inconvénient, ils disent qu’on pourrait établir une forme de gouvernement mixte, diverse de celles qu’on nomme d’ordinaire monarchie, démocratie et aristocratie mixtes, suivant que l’une ou l’autre de ces trois espèces y domine. Et qu’on pourrait faire, par exemple, que la nomination des magistrats, la déclaration de la guerre ou de la paix, fussent en la puissance du roi ; que les grands exerçassent la justice ; que les impositions et le maniement des finances appartinssent au