Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/191

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peuple, et que tous ensemble en corps eussent le droit de faire des lois. Cette sorte d’État ferait, au dire de ces messieurs, une monarchie mêlée. Mais quand bien cela se pourrait, ainsi qu’ils le désignent, je ne vois pas que la liberté des particuliers en fût mieux établie : car, tandis qu’ils seront tous de bonne intelligence, la sujétion de chacun d’eux sera aussi grande qu’elle le peut être ; et s’ils tombent en discorde, il en naîtra une guerre civile, qui introduira derechef le droit du glaive particulier, c’est-à-dire, l’état de nature, cette malheureuse liberté pire que toutes les servitudes. Cependant je crois que j’ai suffisamment démontré au chapitre précédent, articles VI, VII, VIII, IX, X, XI et XII, que la puissance souveraine ne pouvait point être divisée *.


Remarque :

  • [Ne pouvait point être divisée.] « Presque tous avouent que l’autorité suprême ne doit point être divisée, mais qu’il la faut modérer et lui donner quelques limites. Cela va bien : mais s’ils entendent quelque division par ce tempé­rament qu’ils conseillent, c’est mal à propos qu’ils veulent user de distinction. De moi, je souhaiterais passionnément que non seulement les rois, mais aussi tous les parlements et toutes les cours qui prennent une autorité souveraine, voulussent s’abstenir de leurs malversations et se régler pour faire leur devoir aux lois naturelles et divines. Mais nos donneurs de distinctions prétendent que les souverains soie