Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/214

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de guerre, cette nouvelle servitude abolit l’ancienne : car ils sont comptés parmi le butin aussi bien que toutes les autres choses ; et le nouveau maître doit se les conserver par une nouvelle protection de leurs personnes. En quatrième lieu, l’esclave recouvre la liberté, s’il ne voit point de successeur à son maître qui meurt sans héritiers et sans faire testament, car on n’est point obligé, si on ne sait envers qui il faudra s’acquitter de son obligation. Enfin l’esclave qu’on maltraite, qu’on met dans les liens et auquel on ôte la liberté corporelle qu’on lui avait promise, est délivré de l’obligation qui suppose une espèce de contrat. Car le contrat est nul, si on ne se fie à celui avec qui on contracte, et on ne peut pas manquer à la fidélité de laquelle on n’a pas été estimé que nous fussions capables. Mais le maître, qui vit lui-même sous la servitude d’autrui, ne peut point affranchir les esclaves, en sorte qu’ils ne soient plus sous la puissance d’une plus haute domination : car alors les esclaves ne sont pas à lui, comme il a été dit, mais à celui qu’il reconnaît en un degré plus élevé pour son propre maître.

X. Le droit sur les bêtes s’acquiert de la même façon que sur les hommes, à savoir par la force et par les puissances naturelles. Car, si en l’état de nature il était permis aux hommes (à cause de la guerre de tous contre tous) de s’assujettir et de tuer leurs semblables