Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/215

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

toutes fois et quantes que cela leur semblerait expédient à leurs affaires ; à plus forte raison, la même chose leur doit être permise envers les bêtes, dont ils peuvent s’assujettir celles qui se laissent apprivoiser et exterminer toutes les autres en leur faisant une guerre perpétuelle. D’où je conclus que la domination sur les bêtes n’a pas été donnée à l’homme par un privilège particulier du droit divin positif, mais par le droit commun de la nature. Car, si on n’eût joui de ce dernier droit avant la promulgation de la Sainte Écriture, on n’eût pas eu celui d’égorger quelques animaux pour se nourrir. En quoi la condition des hommes eût été pire que celle des bêtes, qui nous eussent pu dévorer impunément, sans qu’il nous eût été permis de leur rendre la pareille. Mais, comme c’est par le droit de nature que les bêtes se jettent sur nous lorsque la faim les presse ; nous avons aussi le même titre de nous servir d’elles et, par la même loi, il nous est permis de les persécuter.