Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/241

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s’ensuit donc qu’il se forme d’un maître et de ses serviteurs une espèce de république. Et on ne peut point alléguer de raison à l’encontre, qui ne renverse pareillement la société composée d’un père et de ses enfants : car, les esclaves tiennent lieu d’enfants au maître qui n’en a point, ils font comme eux sa gloire et son appui et ils ne sont pas moins sujets à leur maître que les enfants à leur père. Ce que j’ai déduit assez clairement au lieu allégué.


VI. Entre les incommodités qu’il y a à souffrir du gouvernement d’un seul, celle-ci n’est pas mise des dernières, que le roi, outre l’argent qu’il exige nécessairement de ses sujets pour les dépenses publiques, comme pour les gages des officiers de l’État, pour le bâtiment des forteresses, pour le paiement des garnisons, pour subvenir aux frais de la guerre, pour entretenir avec splendeur la maison royale, peut, si bon lui semble exiger d’autres sommes inconsidérément, dont il enrichit ses enfants, ses plus proches parents, ses favoris, et même ses flatteurs. Il faut avouer que c’est là une chose bien fâcheuse ; mais qui se rencontre en toute sorte de gouvernement et qui me semble plus supportable dans un royaume que dans un État populaire. Car, comme le roi est unique, le nombre de ceux qu’il veut enrichir ne peut pas être bien grand. Là où dans un État populaire, autant qu’il y a de personnes puissantes, c’est-à-dire autant qu’