Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/242

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il y a de harangueurs qui savent cajoler le peuple (or, le nombre n’en est jamais petit et il s’en élève tous les jours qui s’exercent à ce métier) il y en a autant qui tâchent d’avancer et d’enrichir leurs enfants, leurs alliés, leurs amis et leurs flatteurs ; en effet, chacun d’eux désire, non seulement de bien établir sa famille en la rendant illustre et opulente, mais de se faire des créatures. Le roi peut contenter la plupart du temps ceux qu’il affectionne et ceux qui le servent, qui sont peu en nombre, par divers moyens qui ne s’exercent point aux dépens du peuple, comme en leur donnant des charges militaires ou des offices de judicature ; mais en la démocratie, où il faut rassasier quantité de nouveaux affamés qui naissent tous les jours, il est bien difficile qu’on s’en acquitte sans l’oppression du peuple. Le roi, bien qu’il puisse avancer quel­quefois des personnes indignes, si est-ce que le plus souvent il ne veut pas le faire ; mais, en un État populaire, ces harangueurs et nouveaux tribuns du peuple prennent à tâche d’avancer des personnes de néant ; car, c’est leur intérêt d’empêcher que les charges ne se perpétuent dans les familles anciennes et d’abaisser le crédit des bonnes maisons, formidable à la république, aussi bien qu’à leur autorité particulière.


VII. La royauté a ceci d’incommode en l’opinion de diverses personnes, que la crainte de la mort y est continuelle, parce que chacun