Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/253

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comme sur une mer au gré des ondes.


XIV. En quatrième lieu, les délibérations des grandes assemblées ont ceci d’in­com­mode, que les desseins de la république auxquels le secret est le plus souvent très nécessaire, sont éventés et portés aux ennemis avant qu’on les puisse exécuter ; si bien que les étrangers ne sont pas moins informés que le peuple qui gouverne, de ce qu’il peut et de ce qu’il ne peut point, ou de ce qu’il veut, et de ce qu’il désapprouve.


XV. Ces incommodités qui se rencontrent aux délibérations des grandes assem­blées font voir que la monarchie vaut mieux que le gouvernement populaire, en ce que, dans la démocratie, les affaires importantes sont plus souvent commises à cette sorte d’assemblées, que dans un royaume et que cette pratique peut mal aisément être changée. Car, au reste, il n’y a aucune raison pourquoi on n’aimerait mieux s’occuper à ses affaires domestiques que se rompre la tête après celles du public ; si ce n’était qu’au maniement de ces dernières, on a plus de sujet d’exercer sa dextérité et son éloquence, et de s’acquérir une haute réputation de sagesse et de prudence, de quoi les ambitieux remportent une merveilleuse satisfaction, surtout lorsque, de retour chez eux, ils peuvent se vanter auprès de leurs amis, de leurs parents et de leurs femmes, des heureux succès de leurs entreprises ;