Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/287

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de ce qu’ils auront à propo­ser en l’assemblée générale, de l’ordre des matières, des personnes qui agiront les premières et de l’adresse avec laquelle on gagnera les plus puissants, et ceux qui sont dans le parti en plus haute réputation parmi le vulgaire. Après quoi, lorsque leur cabale est assez forte et qu’ils en sont les maîtres par leur éloquence, ils excitent toute la faction à prendre les armes ; ainsi ils oppriment quelquefois la république tout à coup, à savoir lorsqu’il n’y a point de factions contraires, ou ils la déchirent par des guerres civiles. Car la folie et l’éloquence concourent à la subversion des États, de la même façon que les filles de Pelée, roi de Thessalie, conspirèrent dans la fable avec cette fameuse Médée contre leur propre père. Ces mal avisées voulant faire rajeunir ce vieillard décrépit, le mirent en pièces par le conseil de Médée, le firent bouillir dans une chaudière et s’attendirent après cela, inutilement, de le voir revivre. Le vulgaire n’est pas moins fou que ces malheureuses filles de Pelée, lorsque, voulant renouveler le gouvernement de l’État à la persuasion de quelque ambitieux (qui se sert de son éloquence comme Médée se servait de sa magie), après avoir divisé et déchiré la république, le plus souvent il la consume plutôt qu’il ne la réforme, par un embrasement inextinguible.