Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/286

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fait sembler toutes choses à ceux qui écoutent, telles qu’elles sont dans le cerveau de celui qui parle, et qui est le premier dans l’agitation.


XIII. Plusieurs, même de ceux qui ne sont pas mal affectionnés au bien de l’État, contribuent quelquefois beaucoup à disposer les esprits des peuples aux séditions, en ce qu’ils enseignent à la jeunesse dans les écoles, qu’ils prêchent dans les chaires publiques, des doctrines conformes aux opinions que j’ai touchées. Il est vrai qu’en cela ils pèchent par ignorance, plutôt que par malice destinée. Mais, ceux qui veulent mettre en œuvre ces dispositions, butent à cela comme au plus prompt moyen de contenter leur ambition, premièrement, de faire conspirer et d’unir en une faction tous ces esprits mal affectionnés au gouvernement ; puis de se rendre les chefs du parti, ou de s’y acquérir un grand crédit. Ils forment la faction en se portant pour entremetteurs et interprètes des conseils et des actions de chacun, et en nommant des personnes, et assignant des lieux ou l’on se puisse assembler et entrer en délibération des moyens par lesquels on réformera le gouvernement de l’État selon la fantaisie ou l’intérêt des particuliers. Et afin qu’ils puissent dominer sur leurs compagnons, il faut qu’ils cabalent dans la faction, c’est-à-dire, qu’ils tiennent à part des assemblées secrètes avec quelques-uns de leur confidents, où ils conviennent