Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/292

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car le souverain, en tant que tel, ne pourvoit point autrement au salut du peuple que par les lois qui sont générales ; de sorte qu’il s’acquitte de son devoir, toutes fois et quantes qu’il fait tout son possible par ses utiles et salutaires constitu­tions, à ce que plusieurs jouissent d’une entière et longue prospérité, et qu’il n’arrive du mal à personne, que par sa propre faute, ou par quelque accident imprévu. Au reste, il est quelquefois expédient au salut de plusieurs, qu’il arrive du mal aux méchants.


IV. Mais, par ce terme de salut, il ne faut pas entendre la simple conservation de la vie telle quelle, mais d’une vie autant qu’il se peut heureuse. Car les hommes ne se sont assemblés de leur bon gré en des sociétés civiles d’établissement politique, qu’afin d’y pouvoir vivre le plus agréablement que le permet notre condition humaine. Si bien que ceux qui gouvernent en cette sorte de société, pécheraient contre la loi de nature (car ils trahiraient la confiance qu’ont eue en eux ceux qui leur ont commis l’administration de la souveraine puissance), s’ils ne tâchaient, autant que les lois le leur permettent, de donner ordre à ce que leurs sujets jouissent abondamment de tous les biens que les nécessités de la vie exigent, ou même qui ne servent qu’à la rendre plus agréable. Et quant aux princes qui ont conquis leurs royaumes à la pointe de leurs épées, ils doivent tous désirer que