Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/291

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pas être soumis aux lois, qui sont, à parler proprement, la volonté de plusieurs personnes ; parce que c’est une chose contradictoire que d’être souverain, et néanmoins soumis à autrui, c’est pourtant de leur devoir d’écouter la droite raison, et d’obéir toujours le plus qu’ils peuvent à la loi de nature, que je ne sépare point de la morale et de la divine. Et d’autant que les États ont été établis pour le bien de la paix et qu’on recherche la paix pour y trouver la conservation de la vie en tous ses avantages, le prince qui se servirait de son autorité à autre fin que pour le salut de son peuple, contreviendrait aux maximes de la tranquillité publique, c’est-à-dire à la loi de nature fondamentale. Or, comme cette considération du salut du peuple, ou du bien public, leur dicte la loi par laquelle les princes connaissent leur devoir ; aussi elle leur enseigne un art en la pratique duquel ils trouvent les premiers leur compte ; car la puissance des sujets est celle de l’État et par conséquent de celui qui gouverne.

III. Sous ce nom de peuple, en cette maxime dont je viens de traiter, je n’entends point une certaine personne civile, à savoir l’État qui gouverne, mais la multitude qui est régie. Car l’institution de la république n’est pas tant pour elle-même, que pour le bien de ses sujets. Et toutefois, il ne faut pas avoir égard à l’avantage de quelque particulier :