Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/311

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obéir. Ainsi les commandements de Dieu sont ses lois à l’égard des hommes ; ceux de l’État à l’égard des sujets ; et en général tout ce que les plus forts ordonnent à ceux qui étant les plus faibles ne peuvent point résister, prend à leur égard la forme de loi. D’où je conclus que la loi et le conseil sont différents en diverses façons. Car celle-là appartient à celui qui a puissance sur ceux auxquels elle est donnée ; et ce dernier est d’une personne qui n’a aucune autorité sur celui lequel il conseille. On est obligé de faire par devoir ce que la loi commande ; mais on a son franc arbitre en ce que le conseil ordonne. Celui-ci tend à la fin et se propose d’avan­cer les desseins de ceux auxquels on le donne : mais la loi ne vise qu’au but de celui qui commande. On ne se mêle de conseiller que ceux qui désirent d’en­ten­dre quelques avis ; mais souvent on impose des lois à ceux qui sont bien marris de les recevoir. Enfin, nous pouvons remercier et démettre de leur charge ceux qui nous conseillent, lorsque bon nous semble : mais le droit de faire des lois n’est pas ôté au législateur au gré de ceux qui les reçoivent.


II. Ceux-là confondent la loi avec le pacte, qui estiment que les lois ne sont autre chose, que des conclusions reçues, ou des façons de vivre déterminées par le commun consentement des hommes. Aristote est de ceux-là quand il définit la loi de cette sorte : La loi est une conclusion prise et arrêtée du commun consentement