Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/310

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Que la distinction de l’obéissance en active et passive est mauvaise.


I. La loi est confondue quelquefois par ceux qui épluchent moins scrupuleusement la signification des mots avec le conseil, et quelquefois aussi avec le pacte, et avec le droit. Ceux-là confondent la loi avec le conseil, qui estiment que c’est le devoir d’un monarque, non seulement d’écouter ses conseillers, mais de leur obéir ; comme si c’était une chose inutile de prendre conseil, si on ne le suit. Mais la distinction entre le conseil et la loi doit être prise de la différence qu’il y a entre un conseil, et un com­man­dement. Or, le conseil est une espèce d’ordonnance à laquelle toute la raison pourquoi nous obéissons se tire de la chose même qui est ordonnée. Là où le com­man­dement est une ordonnance à laquelle toute la raison d’obéir se tire de la volonté de celui qui commande. Car, à parler proprement, on ne dit point : « je le veux et je l’ordonne ainsi », si on n’ajoute ensuite, « tel est notre plaisir ». Puis donc que l’on n’obéit pas aux lois à cause de la chose même qui y est commandée, mais en considé­ration de la volonté du législateur, la loi n’est pas un conseil, mais un édit ou une ordonnance ; et je la définis de cette sorte. La loi est une ordonnance de cette personne (soit d’un seul homme qui gouverne, ou d’une cour) dont le commandement tient lieu de raison suffisante pour y