Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/314

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

  • [Par les contrats nous, etc.] Il a semblé à quelques-uns que ces deux diverses façons de parler : Nous sommes obligés, etc. Nous sommes attachés à notre obligation, recevaient un même sens et qu’ainsi, je ne faisais que me servir de deux expressions pour signifier une seule chose. Il faut donc que je tâche de m’expliquer plus clairement. Quand un homme est obligé par contrat, il doit faire ce qui y est contenu à cause de sa promesse, mais quand la loi nous attache à notre obligation, c’est qu’elle use de menace et nous force par la crainte de la peine à faire notre devoir.


III. Ceux-là confondent la loi avec le droit, qui continuent à faire ce que le droit divin permet, quoique la loi civile le défende. A la vérité, celle-ci ne peut pas per­mettre ce que l’autre défend, ni interdire ce dont elle accorde la permission. Mais rien n’empêche que la loi civile ne défende ce qui est permis par le droit divin ; car les lois subalternes et inférieures peuvent restreindre la liberté que les plus hautes ont laissée, quoiqu’elles ne puissent pas l’élargir. Or, est-il que la liberté naturelle que les lois ont laissée, plutôt qu’établie, est un droit : car, sans elles, cette liberté demeurerait tout entière ; mais la loi naturelle et la divine lui ont donné la première restriction ; les lois civiles la restreignent encore davantage ; et ce que celles-ci omettent, peut derechef être limité par les constitutions particulières des villes et